Patricia Neal
C’est un visage délicat d’une beauté versatile, tantôt douce, tantôt
sévère, qu’on a tous dans un coin de la tête. Les plus distraits
peuvent bien avoir oublié son nom, impossible d’effacer de sa mémoire
la blondeur et les yeux tristes de Patricia Neal. Le Rebelle, Un homme dans la foule, Diamants sur canapé ou Le plus sauvage d’entre tous
qui lui vaut un Oscar et une bordée d’autres trophées en 1964, lui
doivent beaucoup. En 1947, ayant gagné New York après une naissance
dans le Kentucky et des études d’art dramatiques dans l’Illinois, elle
remporte le tout premier Tony Award de la meilleur actrice dans un
second rôle pour son interprétation d’”Another Part of the Forest”.
Hollywood lui fait logiquement les yeux doux et l’emploie dès 1949 aux
côtés de Ronald Reagan dans John Loves Mary. Mais c’est avec Gary Cooper, son partenaire du Rebelle la même année, qu’elle formera en coulisses un couple non officiel (Cooper est marié). Ensemble, ils partageront encore l’affiche du Roi du tabac (1950) de Michael Curtiz,
avant que leur liaison ne prenne fin, avec scandale familial et
avortement à la clef. Eprouvée, Patricia Neal décide de remonter sur
les planches de Broadway, non sans avoir auparavant rejoué pour Curtiz dans Trafic en haute mer, et participé à l’aventure du Jour ou la terre s’arrêta.
Mais elle, en revanche, ne s’arrête pas pour autant de tourner. Elle
équilibre juste son travail entre théâtre, grand et petit écran.
En 1953, elle épouse l’écrivain Roald Dahl, avec qui elle aura cinq enfants. Un, cependant, décèdera d’une encéphalite à l’âge de sept ans en 1962, tandis qu’un autre souffrira de blessures à la tête après avoir été percuté à quatre mois par une voiture. Sa santé à elle en prend également un coup lorsqu’en 1965, au sortir du tournage de Première victoire d’Otto Preminger, elle est victime de trois attaques cérébrales consécutives. Une longue réhabilitation durant laquelle elle réapprend à marcher et à parler, et Patricia Neal fait son come-back en 1968 dans le film The Subject Was Roses. Lors, sa carrière au cinéma semble derrière elle, mais on peut encore noter son rôle auprès de James Mason, Anthony Quinn, Malcolm McDowell et Christopher Lee dans Passeur d’hommes (1979) de Jack Lee Thompson, ou celui dans Le Fantôme de Milburn (1981) avec Fred Astaire, Melvyn Douglas et Douglas Fairbanks Jr. Et surtout dans Cookie’s Fortune (1999) de Robert Altman, où elle est la Cookie en question. Ce sera sa dernière grande apparition. Patricia Neal est décédée dimanche 8 août 2010 à 84 ans des suites d’un cancer du foie.