La Sinistre de l'Injustice
Comme d'habitude, je préfère ne pas m'exprimer sur la Rachida, donc je laisse les autres le faire.
La polémique qui a accompagné le retour éclair aux affaires de Rachida
Dati après son accouchement aura été aussi inattendue que dévastatrice.
Pour la ministre elle-même comme pour tout le gouvernement. Son
attitude, qui se voulait héroïque, a heurté beaucoup de femmes qui y
ont vu à la fois un mépris pour sa maternité et un très mauvais exemple
donné aux employeurs. L'affaire
serait anecdotique si ses collègues ministres n'avaient pas tous
célébré l'évènement avec une rhétorique toute sarkozyste, justifiant le
renoncement aux droits sociaux et aux obligations naturelles les plus
élémentaires, par le courage de la ministre, sa liberté individuelle
imprescriptible et la sacro-sainte valeur travail. Ce faisant, la
maternité quasi sacrificielle de Dati est devenue l'expression
caricaturale d'une idéologie profondément rejetée par la philosophie de
vie de tout un peuple.
Qu'ils
se croyaient malins ces zélotes du sarkozysme en louant le courage et
la santé et le caractère de Rachida Dati, devenue pour l'occasion une
nouvelle icône des femmes modernes, celles qui font des bébés sans
homme et se dévouent corps et âme à un travail qui les passionne !
Manque de chance : l'attitude héroïque de la ministre a été accueillie
comme un acte quasi criminel à l'encontre de son enfant et une trahison
à la cause des femmes. La blogueuse féministe Olympe
n'hésitant pas même à suggérer que le sacrifice de la jeune maman
aurait été la conséquence d'une pression dont se serait rendu coupable
son employeur, la menaçant par des silences coupables de perdre son job
si elle s'absentait trop longtemps. Un employeur qui se serait
d'ailleurs mis hors la loi en acceptant son retour malgré
l'interdiction formelle de faire travailler une femme moins de six
semaines après son accouchement ! Même son de cloche chez les machos
assumés : à cet âge là, un bébé a besoin de sa mère ! Au
pays des deux enfants par femme et de l'enfant roi, cette attitude ne
passe définitivement pas. En France, on ne sacrifie ni sa santé, ni son
bonheur, ni l'équilibre de son enfant pour la carrière. On renonce
encore moins à des droits sociaux durement gagnés. C'est au monde
professionnel à s'adapter à la maternité, pas à la femme de sacrifier
sa vie de maman pour quelques dossiers qui ne sauraient attendre. C'est
ainsi que notre pays réussit l'exploit d'être le seul en Europe à être
revenu au seuil de renouvellement des générations.
Le
gouvernement a eu tout faux dans cette affaire. Rachida Dati passe pour
une mauvaise mère à la limite de l'inhumanité, Sarkozy pour un
esclavagiste et le gouvernement dans son ensemble pour une entreprise
de démantèlement des droits sociaux sous couvert de liberté
individuelle et de performance professionnelle. Le
message politique aussi clair que repoussant : Se soumettre avec zèle à
la pire des pressions professionnelles. Et pour conserver un job, par
définition précaire et menacé, renoncer à ses droits comme à sa vie
intime ! L'idéologie du cadre dynamique pour seule perspective de
civilisation !
Malakine in Marianne2.fr