Ma vie sans aile...

Je m'aperçois qu'il m'arrive en ce moment quelque chose qui ne m'est pas arrivé depuis des années, depuis mon enfance en fait : je ne suis pas amoureux. De personne. Et ça ne me ressemble pas.

Depuis Laura, et la parenthèse Alice ( dont je n'ai même pas eu le temps de tomber amoureux ), je me retrouve sans personne à qui penser, rien qui ne me pousse à espérer un avenir meilleur, car partagé. Rien qui n'illusionne mes nuits, rien qui me plonge dans le bonheur de me tourmenter grâce à quelqu'un d'autre que moi et mon égoexistence. Rien qui ne m'emporte, qui me transporte loin de moi et de ma suffisance.

Pourtant, j'ai été amoureux toute ma vie. Je me dis d'ailleurs souvent que je ne vis que pour ça , que c'est ma seule ambition. Sinon j'aurais accepté de grandir un jour, pour oublier mon âme "âmoureuse" d'enfant heureux. J'aurais un boulot, et pas tout ce temps inutile à consacrer à une femme absente. Et je ne serais pas gogoraphobe ( psychiatriquement l'agoraphobie est due à une carence affective : tellement choyé et aimé dans mon enfance, je n'ai pas compris lorsque j'ai essayé de reproduire le schéma - donner de la tendresse et de la sincérité, coeur ouvert, à des jeunes filles, qui me rejetaient ). De fait, cette unique ambition, ce but unique est devenu une souffrance handicapante, qui m'a rendu malade de mes sentiments et de mes émotions, incapable de mener ma vie comme je le voudrais, de manière libre et autonome.

Aujourd'hui donc, plus rien, plus personne à aimer. C'est vraiment très étrange comme sensation. Je me sens vide. Vivre pour soi seul, c'est horrible. Jusqu'à Camille, "adulescent", j'avais pris l'habitude de vivre seul et de ne pas être aimé, c'était ma normalité, malgré moi. Et puis j'avais l'amour de l'Art comme ersatz, persuadé que j'étais un artiste. Mais je pensais toujours à une fille, j'attendais toujours quelque chose de "quelqu'une", je m'imaginais des merveilles avec telle ou telle belle demoiselle. Mais là, depuis quelques semaines, je me retrouve tout seul avec moi. Et, comme l'écrivait Paul Valéry : "Un homme seul est en mauvaise compagnie".

Après Alice, je m'étais dis : "Plus de sentiments, t'as essayé toute ta vie, ça ne sert à rien ". Eh bien je ne pensais pas que ça marcherait aussi bien, à mon insu même !! Je n'ai même plus envie de créer - tout ce que j'ai cru créer se basait sur mes "histoires" d'amour - de croire faire l'artiste, en ce moment je ne m'occupe que de politique et d'investigations diverses. Mon romantisme caractéristique se fait la malle...

Mais ces petites réflexions me laissent accroire que ce n'est pas vraiment l'envie de réessayer qui me fait défaut. C'est juste qu'il n'y a personne à aimer...