Un homme seul est en mauvaise compagnie

Une petite citation de Paul Valéry qui m'a toujours parfaitement correspondu, même avant ma phobie, quand j'étais un ado romantique et solitaire. Sauf qu'à l'époque, ça me semblait inhérent à l'adolescence. Mais j'étais loin de me douter que ça se cristalliserait à ce point jusqu'à l'âge "adulte" ( les guillemets pour ceux qui me connaissent, car je suis très loin d'en être un, la preuve dans ces quelques lignes ).

Aujourd'hui, c'est le jour de nos neuf ans avec Laurette, même si on n'est plus ensemble depuis plus d'un an. Hier soir, elle est passée me voir, on bu des binouzes en discutant de tout et de rien. C'était sympa. Mais je me rends surtout compte que depuis son départ je retombe de plus belle dans la phobie : un petit retour en arrière de deux ans en à peine deux mois, c'est pas fameux comme progrès...

Sinon ça va faire aussi un an que j'ai rencontré Alice, et dans un mois un an qu'elle m'a quitté. Quoi je bloque ? Bah oui, mon romantisme viscéral commence à trouver le temps un poil long. Je parle de mon dernier souvenir sentimental, je n'y peux pas grand’chose s'il date autant. Je l’ai encore à l’esprit, pour moi l’histoire – aussi courte soit-elle – était belle. Je pense souvent à cette demoiselle, à lui envoyer un petit texto, ou bien l'appeler. Mais, comme les précédentes tentatives, ça ne servirait à rien : elle ne veut plus rien savoir de moi. Je ne sais toujours pas pourquoi, mais bon, je m’y suis fait. J’ai de très bons contacts avec mes ex, sauf elle, qui m’avait prévenu qu’elle ne voulait pas revoir ses anciens amants. Une femme libérée quoi. Cela dit, pour le peu qu’on a vécu, elle pourrait considérer qu’on n’a rien vécu, ça reviendrait au même, et ça n’empêcherait pas un petit café. Enfin bref, je regrette sincèrement cette situation, ça me ferait plaisir d’avoir de ses nouvelles. Pour moi elle existe, c’est un être humain que j’ai voulu aimer, pas juste un corps qui est passé parmi d’autres et qui m’indiffère.

La solitude s'installe donc de manière un peu trop insistante et irrémédiable pour mon petit coeur sensible. Ca aurait de quoi énerver même le plus vertueux des moines. Sauf que moi je n'ai jamais choisi ce côté-là de la croix, ni aucun autre. Je subis cet "enferment" et cette solitude. Je travaille à en faire une vertu, une force pour m’en sortir et aller de l’avant, mais c’est pas toujours évident. Je ne suis définitivement pas fait pour vivre seul. Donc je continue ma procrastination involontaire : j’attends. Quoi ? Je n’en ai strictement aucune idée. Mais le changement aura du bon. Et il n'y a d'éternel que le changement, donc je garde encore un peu d'espoir.