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Ma vie avec moi...
4 août 2008

Les Ouïghours du Xinjiang

Je voulais parler des Ouïghours il y a quelques temps, l'occasion de remettre un vieil article.

 A l'heure où Hu Jintao continue à administrer son cher Tibet par la manière forte, la Chine doit gérer un autre front "interne" plus au nord : les musulmans Ouïgours se seraient de nouveau révoltés ces dernières semaines dans la région autonome du Xinjiang-Ouïgour et en particulier dans la ville de Hotan déjà réputée pour ses soulèvements depuis des lustres. Dans cette région comme au Tibet, Beijing ajoute à la violence au quotidien une stratégie de déculturation de longue haleine : répression religieuse et culturelle, campagnes de stérilisation et de dillution ethnique... la proportion des Hans dans la population a ainsi quadruplé ces cinquante dernières années et ils ne devraient pas tarder à devenir l'ethnie dominante... comme partout où l'ordre impérial doit régner. Mais de ces deux crises qui embrasent l'Ouest de la Chine, la plus médiatisée n'est pas nécessairement la plus dangereuse pour le régime de Beijing. Le gouvernement en exil du Dalai Lama a déjà embrassé la démocratie et abandonné toute ambition politique pour se focaliser sur le seul combat culturel, il prône depuis le départ une approche pacifiste sans se faire d'illusion sur le maintien du Tibet dans le giron impérial. Enfin, le Bouddhisme est la seule religion majeure épargnée par le fondamentalisme et le rayonnement religieux du Tibet n'a pas vraiment de conséquences aux frontières.
Le cas des Ouïgours s'avère bien plus épineux : le fait religieux se situe au coeur du conflit mais il concerne l'Islam dans le contexte international pour le moins tendu de l'après 11 Septembre. Si l'ethnie ouïgour est plus proche des Ouzbeks, Hotan ne se situe qu'à quelques centaines de kilomètres du Pakistan et de l'Afghanistan, de régions à hauts risques comme le Pamir ou le Kashmir. Par ailleurs, la Chine figure clairement parmi les cibles privilégiées des fondamentalistes cherchant à raviver le choc des civilisations et à déclencher le soulèvement des minorités musulmanes. Les théoriciens de l'internationale islamiste rêvent depuis des années de faire tomber l'Empire du Milieu, coupable à leurs yeux d'avoir entre autres annexé cette région autonome qu'ils reconnaissent sous le nom de Turkestan Oriental ou d'Ouïgouristan. Comme Poutine avec les Tchétchènes, Beijing a su au mieux exploiter le 11 Septembre pour accentuer la répression. Quand on voit aujourd'hui comment la propagande d'état dépeint le Dalai Lama en terroriste sanguinaire déterminé à lancer des attentats suicides, on peut aisément imaginer le portrait dressé des anonymes rebelles ouïgours. D'un côté, le pouvoir central est gêné de devoir communiquer sur des menaces pesant sur l'unité du pays ; de l'autre il est bien pratique de pouvoir ressortir le dossier pour calmer les esprits au moment où la communauté internationale se mobilise : le pays lutte contre le terrorisme et ne doit rien laisser passer au Tibet comme dans la perspective des Jeux Olympiques.
Il n'y a donc pas de hasard du calendrier et l'année 2008 se confirme décidément comme celle de tous les dangers pour l'Empire du Milieu : le ralentissement de la croissance ne compensera plus l'explosion de l'inflation, les inégalités économiques et les tensions sociales et régionales s'intensifient, l'explosion programmée des bulles boursières et immobilières renforcera probablement les bataillons des mécontents... et la grande fête du sport s'annonce comme un échec retentissant (indépendamment du contexte politique, le public se désintéresse de plus en plus de performances de moins en moins crédibles). Au pays de Sun Tzu, la force de cette dictature dirigée comme une multinationale réside dans la qualité du pilotage stratégique, et les cerveaux de Beijing ont corrigé le tir depuis un moment sur les minorités : ils savent qu'au lieu de plaquer le modèle monolithique classique il leur faudra capitaliser sur leur diversité culturelle contrôlée pour s'imposer au reste de l'Asie (cf tentative d'anschluss culturel sur la Corée avec des armées d'historiens révisionnistes et la création d'un hub international). Mais il devient de plus en plus illusoire de maintenir un pouvoir centralisée dans une société en réseau.

http://blogules.blogspot.com/


Et la note Wikipédia :

Les Ouïghours sont un peuple turcophone et musulman sunnites habitant le Xinjiang (ancien Turkestan oriental) en Chine. Ils représentent une des cinquante-six nationalités reconnues officiellement par la république populaire de Chine. Ils sont apparentés aux Ouzbeks.

Inconnue à l’étranger, si ce n’est qu’on a vaguement entendu parler d’un Mouvement islamique du Turkestan oriental au profil plutôt flou et obscur (il a été mis sur la liste des “organisations terroristes par le gouvernement US et l’ONU en septembre 2002), la résistance populaire ouïghoure d’aujourd’hui remonte à la fin des années 1980. Voici ce qu’on peut en savoir. En avril 1990, un soulèvement a lieu dans la ville d’Akto. Plus de 1 000 habitants descendent dans la rue pour protester contre le refus des autorités chinoises d’autoriser la construction d’une mosquée. Les troupes chinoises tirent dans la foule. Plus de 60 morts. En juillet 1990, les autorités du Xinjiang annoncent l’arrestation de 7 900 personnes au cours d’une opération visant à arrêter “les activités criminelles de séparatistes ethniques et autres délinquants criminels”. La campagne contre le crime lancée sous le nom de “Frapper fort” par le gouvernement chinois en 1996, si elle entendait répondre aux inquiétudes de la population devant l’expansion de la criminalité et de la délinquance, a été l’occasion pour la police chinoise de s’en prendre aux militants politiques et religieux du Xinjiang, dont un certain nombre, accusés d’être favorables à l’indépendance, ont été exécutés publiquement à grands renforts de publicité. Plus de 10 000 personnes accusées de “séparatisme” ont été arrêtées au cours de cette campagne.

Le 5 février 1997, à la veille du Ramadan, trente dignitaires religieux de renom sont arrêtés par la police à Ghulja (en chinois : Yining). Six cent jeunes Ouïghours descendent alors dans la rue et vont réclamer leur libération devant le siège local du gouvernement. Ils sont brutalisés par la police et les troupes paramilitaires et violemment dispersés à coups de matraques électriques, de canons à eau et de gaz lacrymogènes. Dès le lendemain se déroule une manifestation massive de protestation. Les policiers et les paramilitaires tirent sur les manifestants. Bilan : 167 morts. Dans les heures qui suivent, 5 000 personnes sont arrêtées, dont des personnes âgées, des jeunes femmes et des enfants. On les accuse de vouloir « diviser la patrie », de mener une activité criminelle et fondamentaliste religieuse, bref d’être des “éléments contre-révolutionnaires”. Le gouvernement chinois décide alors l’exécution publique de sept Ouïghours pour l'exemple. Les sept victimes sont exécutés d’une balle dans la nuque (facturée à leurs familles!), chargés sur un camion découvert et promenés à petite vitesse à travers la foule qui fréquente le bazar ouïghour et les quartiers environnants. Lorsque les Ouïghours qui pleurent les martyrs s’approchent trop près des camions, les soldats ouvrent le feu, faisant neuf nouvelles victimes. Le 15 octobre 2001, deux participants au soulèvement de 1997 furent exécutés, trois autres condamnés à des peines de mort suspendues pour 2 ans et six autres à des peines de prison (dont deux à perpétuité)

Le gouvernement chinois a profité du 11 septembre 2001 pour vendre son programme anti-terroriste à l’étranger. Il a obtenu l’extradition de militants ouïghours de plusieurs pays, dont le Pakistan, le Kazakhstan et le Kirghizistan. Il tente de négocier actuellement le transfert d’une douzaine d’Ouïghours capturés en Afghanistan et détenus à Guantanamo. Le sort qui les attend en Chine est sans aucun doute l'exécution, d'où le refus des États-Unis de les renvoyer en Chine. Des organisations clandestines ouïghoures sont actives à l’intérieur du pays. On en sait très peu sur ces organisations. On connaît néanmoins le nom de deux d'entre elles : le Mouvement islamique du Turkestan orienta (accusé d’une série d’attentats au Xinjiang) et la Jeunesse du foyer du Turkestan oriental (qualifiée de “Hamas du Xinjiang”). Ce groupe radical qui lutte pour l’indépendance du Turkestan oriental, compterait environ 2 000 militants, dont certains auraient été entraînés à la guérilla en Afghanistan et dans d’autres pays musulmans. Mais il existe une multitude d’autres groupes et mouvements, seulement connus par ce que veut bien en dire le gouvernement chinois. Ces informations sont donc à prendre avec précaution.

À l’étranger, les Ouïghours sont présents au Kazakhstan, en Turquie, en Allemagne, en Suède, en Suisse et aux États-Unis d'Amérique. Au Kazakhstan se trouve une des plus anciennes organisations ouïghoures, le Comité pour le Turkestan oriental, basé à Almaty, la capitale. Il aurait intensifié ces activités ces derniers temps. Il a été formé à l’origine par d’anciens insurgés qui avaient combattu l’occupation chinoise entre 1944 et 1949. Le leader des indépendantistes ouïghours, Aysa Beg, s’est réfugié en Turquie après la fondation de la République populaire de Chine en 1949. Le 19 septembre 2004 a été fondé à Washington le « Gouvernement en exil du Turkestan oriental », de régime parlementaire, dont le premier ministre est Anwar Yusuf. Une constitution a été proclamée, et traduite en Turc, Anglais, Chinois et Japonais. La communauté musulmane ouïgoure est présentée par les autorités chinoises comme une des principales menaces potentielles sur la sécurité des Jeux olympiques de Pékin. Sa responsabilité est mise en cause dans l'attaque d'un poste de police le 4 août 2008 dans la province du Xinjiang, attaque qui a fait 16 morts .

 

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