La parenthèse enchantée
Depuis deux semaines, il fait beau.
L'après midi, je vais lire au Jardin des Plantes.
Ce jour-là, je m'installe sur les marches de la maison abandonnée, à l'écart des bassins où je vais d'habitude.
Ici, pas d'enfants qui crient et courent tout autour de moi. Peu de gens passent, quelques coureurs, quelques poussettes. Sur les pelouses devant moi, une jeune femme qui bronze en lisant, et un jeune couple d'amoureux, à l'ombre.
Je lis mon "Marianne", tourné vers le soleil, perpendiculairement aux escaliers. Et bientôt je distingue une silhouette blanche qui se rapproche de moi, monte les escaliers et vient s'asseoir derrière moi, contre le mur. Une jeune femme. Je le devine par le silence, la démarche, puis plus tard - lorsque je m'adosse moi aussi, par politesse - par ses jambes nues allongées. Mais aucun regard, aucune parole. Elle semble réviser ses cours. Elle semble brune, vêtue de blanc, plutôt petite, et plutôt jeune. Une lycéenne, ou une étudiante. Je finis ma lecture, et m'allume une cigarette. Puis deux. Puis je m'en vais. Je ne saurai jamais qui c'était, à quoi elle ressemblait, mais j'ai bien aimé ce moment et cette présence féminine et silencieuse.