Terra Nova
La «plateforme intellectuelle de la gauche progressiste» comme le
disent ses initiateurs, existe désormais. Plus simplement, un «think
tank» comme on dit aux Etats-Unis- pour les socialistes. Olivier
Ferrand, élu PS de Thuir (Pyrénées Atlantiques) et proche de Dominique
Strauss-Kahn, est le président de Terra Nova, le nouveau projet d'un
certain nombre d'intellectuels, de chercheurs et d'experts français de
gauche. La droite en avait déjà deux : la Fondation pour l'Innovation
Politique et l'institut Montaigne,«il s'agit donc de créer le pendant à gauche»
explique Olivier Ferrand. Cent cinquante universitaires, chercheurs,
responsables associatifs et syndicaux, commissaires européens et chefs
d'entreprises y participent ainsi que 250 experts. Leur objectif? «A
la fois donner une expertise de l'actualité et proposer des solutions
programmatiques concrètes pour la politique de la gauche. Nous
fonctionnons sur commande gratuite afin de fournir des perspectives au
parti socialiste et à toute la gauche» précise, enthousiaste,
Ferrand, à l'origine du projet. Terra Nova possède une vraie structure
juridique et budgétaire totalement indépendante du PS même si les
cadres du parti peuvent demander eux-même des expertises et des notes
de conseils. «Notre indépendance est claire vis à vis du Parti
socialiste, aucun homme politique ne fait d'ailleurs partie de la
direction de Terra Nova».] L'initiateur, dont on connait la fibre
strauss-kahnienne, tient néanmoins à ce que son projet s'adresse à
toutes les gauches. Un défi dur à relever dans un contexte de bisbilles
continuelles au sein du parti.
Si le "think tank" à l'américaine
n'existait pas encore à gauche, on trouve déjà en France de nombreux
mouvements, clubs ou groupes de réflexions orientés socialistes. «Nous ne sommes pas en compétition, bien au contraire, assure le président, Terra Nova se place en aval de la République des Idées, de la revue Esprit
ou des Gracques. L'idée de départ est venue d'un sentiment de décalage
entre le diagnostic intellectuel qui s'est développé autour de ces
pôles et le projet de la gauche qui ne suit plus. Le matériel
intellectuel existe, il faut le convertir en projet concret.» Deux
groupes de travail sont sur le point de débuter. Le premier à la suite
des ouvrages d'Eric Morin sur les inégalités en France et la
polarisation du territoire réunit des experts et des maires. Le second
sur les primaires présidentielles du Parti socialiste dirigé par
Olivier Duhamel avec des spécialistes de l'Italie, des Etats-Unis, des
sondeurs et des politiques comme Aurélie Filipetti et Jean-Louis
Missika. Du concret, des experts et de la bonne volonté, serait-ce la
recette miracle pour les socialistes? Une entreprise en tout cas
beaucoup trop ambitieuse pour s'effectuer au sein d'un Parti socialiste
fâché avec le monde des idées depuis déjà bien longtemps.
Pauline Delassus, Marianne2.fr
http://www.tnova.fr/