Fernandel et la mafia
L'ancien ministre de
l'Intérieur et actuel sénateur des Hauts-de-Seine Charles Pasqua a été condamné mercredi à 18 mois
d'emprisonnement avec sursis par le tribunal correctionnel de Paris
dans l'affaire du financement illégal de sa campagne des européennes de
1999. Michel Tomi, l'un des bénéficiaires de la revente du casino jugé
pour "corruption active", a par ailleurs été échu d'une peine de quatre
ans d'emprisonnement dont deux ferme et 150.000 euros d'amende. Accusé
d'avoir perçu la somme de 7,5 millions de francs, issus
de la vente du casino d'Annemasse ( Haute-Savoie ) dont il avait
autorisé, en tant que ministre, l'exploitation en 1994, par Michel Tomi et Robert Feliciaggi, assassiné en 2006, Charles Pasqua
a été reconnu coupable de faux, financement illégal de campagne
électorale et abus de confiance. Dans son jugement, le
tribunal "ne peut que constater que Charles Pasqua disposait des fonds
mis à sa disposition par des amis et que ces fonds n'étaient pas des
fonds d'Etat ( fonds secrets ou spéciaux )". L'ancien
ministre "devait nécessairement disposer de réseaux proches de sa
personne qui étaient, à la fois, en mesure d'obtenir des fonds et de
lui en reverser une partie", ont estimé les juges.
Me Forster,
l'avocat de Charles Pasqua, qui était absent, a immédiatement annoncé
que son client ferait "vraisemblablement appel" de sa condamnation. "Il
a l'intention, tant que son honneur ne sera pas lavé, d'utiliser tous
les moyens de droit qui seront possibles, y compris la Cour européenne
des droits de l'Homme", a commenté Me Forster. Charles Pasqua
fait l'objet dans le même dossier d'une procédure pour corruption
passive devant la Cour de justice de la République (CJR), seule
habilitée à enquêter et à se prononcer sur des délits reprochés à des
ministres en exercice.
Charles Pasqua ( ou "Fernandel", un de ses noms de code ) a été ou est actuellement l'objet de plusieurs
informations judiciaires pour divers faits survenus durant sa carrière
politique ou ministérielle. Ces diverses affaires ont permis de mettre à jour des réseaux d'influence appelés "réseaux Pasqua" ( lire ceci ), étendus du département des Hauts-de-Seine aux salles de PMU africaines.
Charles Pasqua bénéficie toujours d'une immunité sénatoriale ( lire ceci ), mais de nombreuses autres affaires l'impliquant sont en cours d'instruction ( Affaire des ventes d'armes à l'Angola (Angolagate), Affaire de la Sofremi, Affaire du déménagement du siège d'Alsthom, Affaire de la Fondation Hamon, Affaire Pétrole contre nourriture ).
Rajoutons à cela quelques faits d'armes notoires depuis les années 60 : la création du SAC ( Service d'Action Civique ), "police privée" du gaullisme visant à lutter contre les actions terroristes de l'OAS, en pleine effervescence lors de la guerre d'Algérie. Fortement lié au Milieu, ses membres sont auteurs de nombreux "coups de main".
Ainsi que de grosses suspicions dans diverses affaires : le trafic de drogue ( French Connection ) lorsqu'il était cadre dirigeant chez Ricard, l'affaire Ben Barka, l'affaire Ali Bourequat, l'affaire Robert Boulin, l'affaire de l'Ordre du Temple Solaire, l'affaire Elf, l'affaire Sasou-Nguesso au Congo, l'affaire Bongo au Gabon, Carlos et le Soudan, l'affaire Schuller-Maréchal, l'affaire de l'office des HLM des Hauts-de-Seine, etc...
Personnellement, je doute très sérieusement qu'il ne passe jamais une seule nuit en prison, en tout cas temps que notre nabotléon sera au pouvoir.