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Ma vie avec moi...
1 mars 2008

Igor STRAVINSKY - Petrushka

sacreLa première véritable oeuvre qui m'ait fait entrer en musique classique, adolescent. Mon oncle avait offert ce CD ( Version BOULEZ et l'Orchestre de Cleveland ) à mon frère, et comme il trainait près de la chaine, un jour je me le suis mis. Et là... quel bonheur !! Jusqu'alors, j'avais plutôt une sainte horreur de tout ce qui sonnait "musique classique", je trouvais ça vieux et ennuyeux, pédant, hautain et bourgeois, mais là je découvrais enfin une musique moderne, riche, des rythmes et des harmonies proches de ce que j'écoutais alors en métal, de l'invention, et surtout de beaux passages évocateurs - je lisais le livret en même temps, l'histoire de la marionnette, et je me projetais dedans, comme dans un conte, un film, et j'adorais ça.

L'œuvre annonce le début d'une fête de mardi gras, qui est une réunion populaire où règne la joie et l'amusement, quelques jours avant un recueillement pieux. L'orchestration et les rythmes aux changements rapides illustrent parfaitement la hâte et les mouvements de la fête. Un joueur d'orgue de Barbarie et une danseuse amusent la foule. Les tambours annoncent l'arrivée d'un vieux mage, qui capte l'attention de tout le monde. Le rideau s'ouvre alors pour laisser apparaître la curiosité, accompagnée de trois poupées : Petrouchka, la ballerine et le Maure. Le vieux mage joue de la flûte pour user de son pouvoir magique. Il donne vie aux trois poupées, qui se mettent à s'animer et s'agitent en une danse russe, devant la foule ébahie.

Le deuxième tableau se déroule chez Petrouchka. Les murs y sont très sombres, décorés de quelques étoiles, d'une lune en croissant, et d'un portrait du vieux mage fronçant les sourcils. La poupée attend devant sa chambre, mais un bruit fracassant annonce l'arrivée de son maître qui la projette d'un coup de pied dans sa cellule. Petrouchka mène une vie morne et solitaire derrière ses barreaux. Son seul réconfort, il le trouve dans l'amour qu'il porte pour la poupée ballerine. Le portrait du vieux mage suffit à lui seul à rappeler à Petrouchka qu'il n'est qu'une marionnette et qu'il se doit de rester docile et humble. Même si Petrouchka n'est qu'une marionnette, il n'en a pas moins des sentiments humains, comprenant aussi bien l'amour qu'il porte pour la ballerine que l'amertume envers le vieux mage. La ballerine entre en scène et Petrouchka tente de lui révéler son amour, mais il est aussitôt rejeté par elle, qui qualifie tout cela de pathétique. Elle préfère la frivolité avec le Maure, ce qui anéantit le passionné Petrouchka.

Le troisième tableau se déroule chez le Maure. Il vit une vie nettement plus affriolante dans sa chambre décorée de toutes parts. Installé dans son salon, il joue avec une noix de coco. Les couleurs qui émanent de la pièce inspirent la joie et la fête, le rouge, le vert et le bleu. Le Maure préfère la joie de sa chambre plutôt que d'aller consoler le pauvre Petrouchka. C'est alors que la ballerine est placée dans la chambre du Maure par le magicien, et elle entame une danse chatoyante dans le but de séduire le Maure, qui la rejoint dans sa danse. Petrouchka broyant du noir dans sa cellule est emporté dans celle du Maure par le mage, pour interrompre la séduction de la ballerine. Petrouchka se met alors à attaquer le Maure, mais il réalise qu'il est trop petit et bien trop faible pour faire face à son rival. Il finit par se faire chasser par le Maure.

Le quatrième et dernier tableau se déroule à nouveau pendant la fête du mardi gras, où une série de scènes apparaissent puis disparaissent rapidement. L'orchestre se transforme en véritable fanfare, jouant une suite de danses. Arrive ensuite un paysan et son ours dansant, suivis d'un marchand, de Bohémiens et de personnalités diverses. Après que la foule et la fête s'installent, un cri surgit du stand de marionnette. Le Maure poursuit Petrouchka avec une hache et le tue. Le Maure devient alors la métaphore de l'indifférence aux sentiments humains. La police questionne alors le vieux mage, qui cherche à calmer l'ardeur de la foule consternée, en secouant les restes de paille et de sciure de Petrouchka, pour rappeler à tout le monde que ce n'était qu'une poupée sans âme, à la tête de bois. La nuit tombe et la foule se disperse, tandis que le mage s'en va, emportant avec lui le corps mou de Petrouchka. Le fantôme de la poupée apparaît sur le toit du stand de marionnette. Ses pleurs ressemblent maintenant à des cris de colère. Maintenant que la place est vide, le vieux mage aperçoit avec frayeur le fantôme de Petrouchka, et s'enfuit apeuré. La scène se termine et laisse spectateur juger de ce qui fut réel ou non.

Sur le même CD, juste après, il y a "Le Sacre du Printemps", que j'ai mis plus de temps à apprécier, mais qui est encore plus avant-gardiste dans ses trouvailles sonores, avec ses assauts de cordes. Mais c'est définitivement "Petrushka" que je préfère, avec ses couleurs et ses enchainements distordus, ses mélodies entrecroisées, qui tourbillonnent et s'agglutinent comme une tombée de neige sur la steppe.

Un extrait, dirigé par Pierre Monteux avec l'Orchestre de Boston, en 1959

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